Cet article examine le rôle central de Dubaï dans le commerce mondial de l’or entre marché florissant et zones grises. Qui achète à Dubaï et pourquoi, souvent dans l’ombre ? XAUstreet décrypte ce paradoxe géopolitique et monétaire.
Une tradition commerciale historique… qui rime parfois avec zones grises
Dubaï brille comme le plus grand centre mondial de négoce d’or depuis plus de 80 ans, notamment à la Gold Souk, attirant commerçants d’Iran, d’Inde, mais aussi investisseurs internationaux .
• En 2024, les ventes de bijoux ont chuté de 13 % sous l’effet de la hausse des prix, tandis que l’once de métal jaune flirtait avec les 3 200 dollars .
• Le Dubai Gold & Commodities Exchange, plateforme phare de contrats sur l’or, symbolise ce carrefour financier et commercial .
Cette attractivité s’explique par une politique fiscale avantageuse, une liberté de circulation et des règles légères le cash circule librement, les contrôles se limitent souvent à des seuils élevés, et les audits restent parfois superficiels .
Dubaï, hub géopolitique… et atrium d’opacité ?
Smuggling massif depuis l’Afrique
D’après une enquête menée par Swissaid et relayée par Reuters, la Dubaï importe plus de 400 t d’or en provenance d’Afrique chaque année, souvent sans les déclarations officielles adéquates .
• Ghana a perdu 11,4 milliards $ en cinq ans à cause de l’or non déclaré, souvent expédié vers Dubaï via des vols régionaux .
Ces pratiques fragilisent les recettes fiscales des pays producteurs et peuvent alimenter des circuits criminels alors que Dubaï affirme renforcer ses contrôles AML/CFT .
Collision avec l’économie parallèle : drogue et cartels
Dubaï est également pointé comme porte de blanchiment : argent issu du trafic de drogues (e.g. cartel Kinahan), converti en or puis réexpédié à travers le monde via bagages ou fausses facturations .
Pression des régulateurs internationaux
• En 2020, la London Bullion Market Association (LBMA) a menacé de radier certaines raffineries émiraties en raison de problèmes de traçabilité et de sourcing douteux .
• Dubaï a été inscrit sur la “grey list” du FATF (2022–2024) pour ses faiblesses dans la lutte anti-blanchiment .
Qui achète à Dubaï, et pourquoi souvent en secret ?
Commerçants du Golfe et tradition culturelle
Les acheteurs iraniens et indiens dominent le marché : héritiers de traditions d’achat de bijoux 22 carats pour fiançailles, mariages et échanges de richesse .
Institutions, États et investisseur occultes
• Des oligarques ou régimes autoritaires se servent de Dubaï pour faire transiter de l’or sanctionné (ex. Russie, Soudan) .
• Des États en crise Venezuela, Soudan, Mali convertissent leurs réserves en lingots via Dubaï pour contourner les sanctions ou récupérer de la liquidité à l’étranger .
Acteurs du crime organisé
Les cartels et autres réseaux mafieux utilisent l’or de Dubaï comme vecteur de recyclage de profits illicites, souvent en dehors de tout cadre réglementaire .
Conséquences sur l’or : un marché à deux visages
Impacts positifs vs négatifs
1. Liquidité mondiale renforcée
Le rôle de place mondiale assure un prix international fluide, avec un potentiel de prime pour l’or asiatique et moyen-oriental .
2. Risque de réputation pour le métal
Mais la perception d’un “or sale”, mêlé à des circuits opaques, peut peser lourdement sur la confiance institutionnelle. Les grands acquéreurs (banques centrales, fonds souverains) exigent désormais des certifications strictes.
Comment Dubaï tente de sortir de l’ombre
• Renforcement des contrôles AML/CFT après l’ajout à la grey list, avec certifications obligatoires selon les standards OCDE et FATF .
• La suspension, début 2025, d’Emirates Gold du registre “Good Delivery” de la LBMA signale un tournant vers plus de vigilance .
Ces mesures visent à redorer l’image de Dubaï comme plateforme financière, mais leur efficacité reste à confirmer face à des flux clandestins bien structurés.
Conclusion XAUstreet
👉 Dubaï incarne un paradoxe : capitale éclatante de l’or et foyer d’opacité, avec un mini-monde de traditions, traders légitimes mais aussi routes clandestines nourrissant blanchiment, crime et conflit.
Pour XAUstreet, la question clé est celle-ci : le cadre réglementaire émirien saura-t-il transformer le hub d’hier en centre de confiance pour l’or mondial ? Si rien n’est fait, la valeur du métal jaune souffrira, autant que la réputation de ceux qui l’échangent.
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